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Source text - French Il fut Ivan Denissovitch
http://www.humanite.fr/2008-08-05_Cultures_Il-fut-Ivan-Denissovitch
DISPARITION . Alexandre Soljenitsyne a donné un nom au stalinisme. Slavophile et passéiste, voire antisémite dans ses dernières oeuvres, il fut d’abord un témoin majeur du XXe siècle.
En 1962, le stalinisme eut un nom : Ivan Denissovitch. Six ans auparavant, la révélation par Nikita Khrouchtchev, à huis clos et au XXe Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique, de l’ampleur des répressions et des crimes du stalinisme avait, pour des millions d’hommes et de femmes, fait du monde une coupe renversée. En France, le PCF mettra plusieurs mois à reconnaître l’existence du rapport « attribué à Nikita Khrouchtchev ». Il avait bien fallu pourtant se rendre à l’évidence, masquée pendant des années par la lutte formidable de l’Armée rouge contre les nazis, le tournant de Stalingrad, la chute de Berlin. Celui que l’on avait pris pour le père des peuples avait été un tyran. Il est vrai que des voix l’avaient dit bien avant le XXe Congrès. Elles étaient très minoritaires et le rapport Khrouchtchev lui-même n’énonçait, au fond, que des données générales. Précises, mais générales. En racontant, dans un petit livre dense, à plat, Une journée d’Ivan Denissovitch, Alexandre Soljenitsyne nommait l’innommable et donnait à l’histoire la chair humaine de la tragédie, l’effarante vérité intime du drame.
mort dans sa mère patrie
C’est cela, essentiellement, qui a fait de l’écrivain, qui vient de mourir à quatre-vingt-neuf ans, dans les environs de Moscou et dans la Russie où il était retourné depuis une vingtaine d’années, un témoin et un acteur majeur du XXe siècle. Ce siècle qui vit, après les massacres de masse de la Première Guerre mondiale, se lever le soleil rouge de la révolution d’Octobre et avec lui les espoirs des damnés de la terre, d’artistes et d’intellectuels, pour sombrer, quatre-vingts ans après. Pour cela, on voulut faire de l’écrivain un prophète, voire un guide ou même un stratège de l’effondrement du communisme, à l’instar de Jean-Paul II. Il ne fut pas cela, et au cours de ses dernières années, son conservatisme, sa nostalgie des valeurs de la Russie éternelle et l’antisémitisme qui lui fut reproché, bien qu’il s’en défendît, l’avaient en quelque sorte rendu inutilisable pour quelque cause que ce soit, si l’on excepte quelques cas d’espèce, tel Philippe de Villiers, admirateur de l’écrivain qui avait pris parti pour les chouans.
Nulle prophétie, pas d’étendard tenu des droits de l’homme partout dans le monde, seulement un regard tourné vers le passé en croyant y voir un avenir. Mais quel regard ! Car Alexandre Soljenitsyne, prix Nobel de littérature en 1970, fut un immense écrivain. Une journée d’Ivan Denissovitch paraît donc, en 1962, avec la bénédiction de Nikita Khrouchtchev pendant cette période qu’Ilia Ehrenbourg, autre géant de la littérature, évoquera comme le « dégel ». En France, la sortie du livre est saluée par les Lettres françaises, dirigées par Aragon. Mais après ce petit livre, vont suivre, explorant dans toute leur ampleur les prisons secrètes et les camps, ce que le monde entier va découvrir sous le nom de goulag. Le Pavillon des cancéreux, le Premier Cercle, les trois tomes de l’Archipel du Goulag vont marquer les années soixante et soixante-dix. Dans le même temps, Soljenitsyne commence une entreprise colossale, avec les différentes étapes, qu’il appelle des « noeuds », de la Roue rouge, évoquant dans toutes ses dimensions et dans les détails, car le diable s’y niche, les années qui précèdent la révolution d’Octobre. Des milliers de pages, le tome III ou troisième noeud ne paraîtra qu’en 1998, comme aboutissement d’un projet élaboré dès 1936. C’est un fleuve, souvent comme chaotique, une comédie humaine où, comme dans Shakespeare, les hommes sont des ombres passantes. C’est le discours d’un idiot, plein de bruit et de fureur et qui ne signifie rien. Si ce n’est que la révolution qui arrive ne peut qu’aller vers l’enfer et qu’un monde fait naufrage. L’histoire ne peut faire sens. Mais, par son ampleur, voire par ce chaos, l’oeuvre s’inscrit dans la grande tradition de la littérature russe, Tolstoï pour l’attachement à la terre, à la patrie russe, Dostoïevski pour le chaos et la souffrance des âmes…
L’expérience des camps
Né précisément en 1918, étudiant à Rostov-sur-le-Don, sensible alors aux idées révolutionnaires, Alexandre Soljenitsyne est au front, face à l’invasion allemande. L’expérience de la guerre en première ligne, il est artilleur, ses doutes sur sa conduite l’amèneront à critiquer, dans sa correspondance, Staline lui-même. Il estime aussi que cette guerre aurait pu être évitée si l’Union soviétique s’était entendue avec Hitler. En 1945, il est condamné à huit ans de camp. Réhabilité après le XXe Congrès comme des milliers de détenus, il va enseigner la physique à Riazan, à 200 kilomètres de Moscou. Le récit d’une journée d’Ivan est celui de son expérience des camps. Il sera proposé pour le prix Lénine. Mais ses oeuvres suivantes vont être barrées à la publication en URSS. Elles ne paraîtront qu’en Occident, où le prix Nobel de littérature, qui lui est attribué en 1970, va en faire le symbole même de la dissidence et de la lutte contre le régime soviétique. Un régime qui ne trouve d’autres réponses que la censure et la répression. Soljenitsyne se voit interdire d’aller recevoir son prix à Stockholm. Quatre ans après, il sera expulsé d’URSS et déchu de sa nationalité. Une mesure qui va choquer profondément l’opinion dans le monde, y compris chez les communistes. Le PCF la réprouve vivement. Il vivra quelque temps en Suisse puis aux États-Unis, dans le Vermont, où il va poursuivre son oeuvre. Au fil des conférences qu’il y donne, apparaissent les dimensions conservatrices, slavophiles de sa pensée. Soljenitsyne n’est pas un homme d’après le communisme version soviétique mais un homme d’avant. La chute de l’URSS lui permet de retrouver sa nationalité et sa terre natale. Il ambitionne un temps de jouer un rôle politique mais y renonce vite. Le pays tel qu’il est devenu et tel qu’il pressent qu’il va devenir ne lui convient pas davantage qu’auparavant, et il n’est pas entendu de ses contemporains. « Il n’existe pas de prophète en son pays », constate un de ses pairs, l’écrivain Evgueni Sidorov, et Evgueni Evtouchenko écrit : « Soljenitsyne mérite qu’on lui élève un monument de son vivant pour l’exploit d’avoir sauvé autant de douleurs humaines qui sans lui auraient été oubliées. Mais en sortant du cadre de la littérature il n’a pas su ensuite y rentrer. Sa tentative héroïque d’écrire une épopée avec la Roue rouge s’est effondrée »… Ses dernières oeuvres vont encore accuser les traits de son passéisme. Dans le Problème russe, dans la Russie sous l’avalanche, il se montre inquiet du « cosmopolitisme », d’une Russie noyée dans « la marée montante » du monde asiatique et islamique, il en tient pour sa foi impérissable en l’orthodoxie, voudrait regrouper les républiques slaves, il pense et affirme que « c’est de la terre que jaillit la source inépuisable et pure de l’amour de la patrie ». Avec Deux Siècles ensemble, consacré à l’histoire des juifs en Russie, il suscite de violentes polémiques dans son pays et à l’étranger. Il y aurait eu les pogroms, mais avant eux, l’excès de passion révolutionnaire des jeunes juifs qui va contribuer à la destruction de l’ancienne Russie. « Qu’est-ce donc qui poussait ces juifs, au milieu de la plèbe en délire, à bafouer si brutalement ce que le peuple vénérait encore »… Certes il semble parfois renvoyer juifs et russes dos à dos : « J’en appelle aux deux parties pour qu’elles cherchent patiemment à se comprendre, à reconnaître chacune sa part de péché », mais n’est-ce pas dresser et maintenir des barrières, pour le moins. Dessiner un monde partagé entre juifs et non juifs, en l’occurrence purs slaves.
Les hommages rendus à Soljenitsyne aujourd’hui ne sont pas sans ambiguïtés. Particulièrement chez ceux qui voudraient ramener l’idée communiste à l’expérience, au total avortée, de l’URSS. Reste que son oeuvre dans ce qu’elle eut d’essentiel a contribué à ouvrir les yeux de ceux qui ne cessent de chercher.
Maurice Ulrich
Translation - English ORIGINAL FRENCH ARTICLE : Il fut Ivan Denissovitch
By Maurice Ulrich - Article paru le 5 août 2008
He was Ivan Denisovitch
Translated mardi 12 août 2008, par Edward Lamb
http://www.humaniteinenglish.com/article999.html
DEPARTED. Aleksandr Solzhenitsyn gave a name to Stalinism. Slav at heart and nostalgic of an antique Czarist Russia, even anti-Semite in his later works, he was, above all, a major witness to the 20th century.
In 1962, Stalinism was given a name : Ivan Denisovich. Six years earlier, Nikita Khrushchev, behind closed doors and at the 20th Congress of the Communist Party of the Soviet Union, revealed the magnitude of Stalinist repression and crimes, which had, for millions of men and women, turned the world upside down. It would take several months for the French Communist Party (PCF) to acknowledge the existence of the report « attributed to Nikita Khrushchev ». Yet, one had to face the facts, hidden for years behind the Red Army’s formidable struggle against the Nazis, the Stalingrad turning point, the fall of Berlin. Stalin, who was said to be the Father of the People, had been a tyrant. It’s true that there were a few accusing voices well before the 20th Congress. They were a very small minority and the Khrushchev Declaration itself, fundamentally, only exposed certain selected information. Precise, but not detailed. Narrating, in a small, densely written book, the matter of fact details of One Day in the Life of Ivan Denisovich, Aleksandr Solzhenitsyn named the unnameable and offered to history the human flesh of the tragedy, the atrocious intimate truth of the drama.
Come to rest in his motherland
It is that, essentially, which has made of the writer, who has died at eighty-nine years of age on the outskirts of Moscow and in that Russia to which he returned some twenty years ago, a major witness and architect of the twentieth century. That century which saw, after the genocidal massacres of the First World War, the Red Dawn of the October Revolution and with it the realization of the hopes of those condemned by their humble condition, of artists and of intellectuals, hopes only to submerge again eighty years later. To that end, we would have made a prophet of the writer, a spiritual guide or even a strategist of the collapse of communism, as was Jean-Paul II. He was none of those, and in the course of his final years, his nostalgia for the values of an Eternal Russia and the anti-Semitism of which he was accused - even though he denied that – kept him from being utilized for any cause whatsoever, excepting a few typical cases, as with Philippe de Villiers, an admirer of the author who defended the cause of the chouans.
No prophesy, no banner waving for human rights worldwide, only a regard turned towards the past - in the belief that, there, could be found a possible future. But what a regard ! For, Aleksandr Solzhenitsyn, awarded the Nobel Prize for Literature in 1970, was a monumental writer. So, One Day in the Life of Ivan Denisovich was published in 1962, with Nikita Khrushchev’s blessing… a period that Ilya Ehrenberg, another literary giant, would refer to as the "thaw" [1]. In France, the book’s publication was welcomed by the magazine "Lettres françaises" [2], edited by Louis Aragon. But, after that short novel, would follow, exploring in depth the secret prisons and labour camps, that which the entire world would discover by the name of Gulag. Cancer Ward (1968 ; novel), The First Circle (1968 ; novel), the three volumes of The Gulag Archipelago (1973–1978) would influence the 1960’s and the 1970’s. At the same time, Solzhenitsyn began a colossal undertaking, with several different narrative stages, he called them the "knots" [3] , of The Red Wheel (overall title), evoking all the dimensions and in minute detail, ("the Devil is in the detail", as the proverb would have it...), those years prior to the October Revolution. Thousands of pages, volume III, or the third "knot" would not be published before 1998, finally accomplishing a project conceived as of 1936. A saga, often seemingly chaotic, a human comedy in which, as with Shakespeare, men are only passing shadows. It is the discourse of an idiot, full of sound and fury, and signifying nothing. If it were not that the revolution to come can only lead to Hell and that the World is about to shipwreck. History cannot make sense. But, by its scope and dimension, indeed, by that very chaos, the work has made its place in the grand tradition of Russian Literature ; Tolstoy for his attachment to the earth, the Russian homeland ; Dostoyevsky for the chaos and the suffering of souls…
Born, as if predestined, in 1918 ; a student at Rostov-on-Don, receptive, at the time, to revolutionary ideas, Aleksandr Solzhenitsyn found himself on the battle front, facing the German invasion. His wartime experience on the front lines, in the artillery, having doubts about his conduct, brought him to criticize, in a personal letter, Stalin himself. He further considered that this War could have been avoided if the Soviet Union had made a deal with Hitler. In 1945, he was sentenced to eight years of hard labour. Rehabilitated after the 20th Congress, as were thousands of prisoners, he would go on to teach Physics at Ryazan, some 200 kilometres from Moscow. Four years later, he would be expelled from the USSR and deprived of his nationality. A measure that would profoundly shock public opinion throughout the world, including communists. The French Communist Party (PCF) firmly condemned the punishment. He lived in Switzerland, for a while, afterwards in the United States, in Vermont, where he was to continue his work. Delivering conference after conference, the conservative pro-Slav dimension of his philosophy began to appear. The later convictions of Solzhenitsyn, the man, were not forged after the advent of Soviet style communism but had taken root much earlier. The fall of the USSR, allowed him to recover his nationality and his native land. His ambition was, at first, to play a role in politics, but he quickly gave up the idea. The country, as he found it, and as he sensed it would become, did not suit him any better than before and he did not assimilate with his contemporaries. « No man is a prophet in his own land », one of his peers, the writer Evgueni Sidorov, stated. Evgenij Evtusenko wrote : « Solzhenitsyn deserves that we raise a monument, during his lifetime, for his feat in having prevented even more human suffering, which, but for him, would have been forgotten ».
But having withdrawn himself from the context of literature, he didn’t know how to come back to it. His heroic attempt to write an epic, with The Red Wheel, fell apart »… His later works would further emphasize the lingering traces of his old fashioned values. In The Russian Question (1995), in Russia under Avalanche (Россия в обвале,1998 ; political pamphlet), he showed concern over the « cosmopolitism », of a Russia submerged by the « rising tide » of the Asian and Islamic cultures, he held on to his everlasting faith in Russian Orthodoxy, would have the Slavic Republics reunited, he believed and affirmed that « out of the earth springs the pure, unquenchable fountain of one’s love for his country ». With Two Hundred Years Together (2003) dedicated to the history of the Jewish presence in Russia, he aroused violent public controversy in his own country as well as abroad. Although there may well have been organized persecutions and exterminations, before them, it would seem that the excessive revolutionary zeal of young Jews contributed to the destruction of the Russian Empire. « What was it that encouraged those Jews, in the midst of all those hysterical plebes, to blaspheme so brutally that which the people still venerated »… Of course, he sometimes seemed to pit the Jews and the Russians against one another : « I appeal to both parties that they try patiently to understand each other, to acknowledge that each has his share of the blame », but is that not a way of creating and maintaining those obstacles, at the very least. A way of sketching a world divided between Jews and Gentiles, the latter, in this case, being pure Slavs.
The last respects paid to Solzhenitsyn, today, do not lack ambiguity. Particularly for those who would reduce the communist ideal to that unique Soviet experience, ultimately aborted. What remains, essentially, is that his work has been instrumental to those who persist in that endeavour.
[1] "Khrushchev Thaw refers to the period from the mid 1950s to the early 1960s, when repression and censorship in the Soviet Union were partially reversed, and millions of Soviet political prisoners were released from ’Gulag’ camps, because Khrushchev initiated de-Stalinisation of Soviet life and the policy of peaceful coexistence with other nations." William Taubman, Khrushchev : The Man and His Era, London : Free Press, 2004. The term was coined after Ilya Ehrenburg’s 1954 novel The Thaw, "Оттепель" (text in original Russian),
[2] From the French Liberation to 1972, the magazine "Les Lettres françaises" , edited by Louis Aragon, benefitted from the financial support of the French Communist Party (PCF). Since the 1990’s, the magazine, renowned for its high literary quality, is currently published, the first Saturday of each month, by "L’Humanité".
[3] In the entire cycle of novels The Red Wheel, each different stage in the narrative is referred to as a "knot" (uzel in Russian ?)
English to French: EVE SPEAKS
Source text - English EVE SPEAKS
by: Louis Untermeyer (1885-1977)
PAUSE, God, and ponder, ere Thou judgest me.
Though it be doomsday, and the trampling winds
Rush blindly through the stark and cowering skies,
Bearing Thy fearful mandate like a sword,
I do not tremble, . . . I am unafraid.
Though the red flame of wrath lick up the worlds,
And dizzy stars fall in a golden rain;
Though, in an agonizing fear of life,
The summoned spirits, torn from gentle graves,
Whirl at Thy feet or fly before a scornful breeze,
I do not fly, . . . my soul is unafraid.
Years have swept over me and in the wash
Of foaming centuries have been forgot.
Yet still my soul remembers Paradise,
That perfect echo of Thy gentler mood.
Wrapped in a drowsy luxury we lived,
Beauty our food and idleness our pillow.
Day after day, we walked beneath Thy smile;
And, as we wandered through the glittering hours,
Our souls unfolding with the friendly earth,
Eden grew lovelier to our eager eyes.
With every step a clump of trees, a star,
An undiscovered flower, a hill, a cry,
A new wild sunset or a wilder bird,
Entered our lives and grew a part of us.
Lord, there was naught but happiness -- and yet,
Though Adam gloried in the world's content,
And sunned himself in rich complacency,
The thought that there was something more than joy,
Beyond all beauty, greater than singing peace
And tranquil happiness, vexed all my hours.
Here in a garden, without taint or care,
We played like children, we who were not children.
Swaddled with ease, lulled with Thy softest dreams,
We lived in perfect calm -- who were not perfect. . . .
Eden was made for angels -- not for Man.
Often the thought of this would come to me
When Adam's songs seemed empty of all mirth;
When he grew moody and the reckless fire
Leaped in his eyes and died; or when I saw
Him lying at my side, his brawny arms
Knotted with strength, his bosom deep and broad,
His hands tight-clenched, his mouth firm, even in sleep.
Here was a body made to build and dare;
Here was a brain designed to dream and mould--
To waste such energy on such a life!
I could not think it. Seeing him, I knew
Man made for Eden only -- not for more --
Was made in vain. . . . I clamed my Adam, God;
Claimed him for fiercer things and lustier worlds,
Immoderate measures, insolent desires;
Claimed him for great and strengthening defeats.
He was but one of many things to Thee--
A cunning lump of clay, a sentient clod--
One of a universe of miracles.
Each day a fresh creation was to Thee;
Thou hadst infinity to shape and guard--
I only Adam.
Lying awake one night beneath the Tree,
I heard him sighing in a fitful sleep.
A cold, disdainful moon mocked my unrest,
A night-bird circled out beyond the wood.
Never did Eden seem so much a prison--
Past the great gates I glimpsed the unknown world,
Lying unfettered in majestic night.
I saw the broadening stream hold out its arms,
The proud hills called me and the lure
Of things unheard, unguessed at, caught my soul.
Adam was made for this -- and this for him.
The peace of Eden grew intolerable.
Better the bold uncertainty of toil,
The granite scorn of the experienced world,
And failure upon failure; better these
Than this enforced and rotting indolence.
Adam should know his godhood; he should feel
The weariness of work, and pride of it;
The labor of creation, and its joy.
His hands should rear the dream, his sinews think;
And, in a rush of liberated power,
He should rend and tame, and wrest its secret from
The sweating, energetic earth; his frame should thrill
With every keen, courageous enterprise,
Until his rude and stumbling soul could grasp
Conquering and unconquerable joys.
So should his purpose tower to the stars;
Face, without fear, contemptuous centuries;
Meet the astonished heavens with a laugh,
And answer God with God's own words and deeds.
One thing alone would give all this to him,
One thing would cleave the sealed and stubborn rocks,
Harness the winds, curb the unbridled seas--
Knowledge, the force and shaper of the world. . . .
And so I knew that we should eat -- and learn.
II
Into the world we went, Adam and I,
Bound by a new and strange companionship.
For in the battle with a hostile earth
His were the victories, mine were all defeats.
His was the lust of doing -- a furrow tilled;
A wily beast ensnared, a flint well turned;
A headlong chase, a hut or trap well built;
The joy of things accomplished Adam knew.
Was there a hunt -- there was a feast for him;
Was there a harvest -- there was rest thereafter;
Was Adam hurt -- there was my soothing care;
Was Adam tired -- there were my lips and arms.
Aye, Lord, though I cried out against this thing
That made me Adam's servant, not his mate,
Yet was it just, for into endless strife
My will had plunged him; therefore all the years
I tended, comforted, encouraged him
With prayers and quickening passion, till he knew
The dazzling, harsh divinity of love. . . .
God, thou did'st make a creature out of dust,
But I created Man. . . . I was to him
A breast, soft shoulders, an impelling brain;
I was his spur, his shield, his stirrup-cup;
I was his child, his strumpet, and his wife.
A world of women have I been to him,
To him and all the myriad sons of Adam.
And all that they remember is my shame!
All times by all men have I been betrayed--
They have belittled and disgraced my deed
That made them seek until they found themselves;
Have turned my very purposes against me,
Knowing not that I help them unawares.
Yea, I have driven them -- that they too might drive;
Have held their chains -- that I might set them free;
Have ruled and urged them with a hardened hand,
That they might find the stony world less hard.
And what was my reward when they had won--
Freedom that I had bought with torturing bonds?
Faith that is stronger than the iron years?
Love with a warmth that heals as well as burns?
Or comradeship, the golden hour of love,
Clean as the candid gaze of stars and children?
Such things were not my portion. Gibes and taunts,
Mixed with the pity of a tolerant lord;
My name, turned to base uses, made to serve
A twisted symbol and a mockery.
Or I was given in some more amorous mood,
A brief endearment or an easy smile;
A jewel, perhaps an hour of casual love--
These were the precious coin in which they paid.
And thus, to either concubine or wife,
They eased their conscience -- and their throbbing lust.
They stormed through countries brandishing their deeds,
Boasting their gross and transient mastery
To girls, who listened with indulgent ears
And laughing hearts. . . . Lord, they were ever blind--
Women have they known, but never Woman.
God, when the rosy world first learned to crawl
About the floor of heaven, wert Thou not proud!
Though Thou has planned a heaven of suns to swing
About Thy skies, like censers whirling praise;
Though Thou hast made immense and sterile space
Busy with life, a deathless miracle;
And now hast gathered up eternity,
Rolling it in the hollow of Thy hand,--
Was there one sudden thrill in all of time
As keen as that fierce tugging at Thy heart,
When first the new-born world was held by Thee
Close to Thy breast to feel its small heart beat?
Not all the fervor of ten million springs
Moved Thee so much, because it was so weak.
Errant and spoiled, untamed and contrary,
Thou sawest it grow, in fear no less than pride.
It was Thy dearest child, Thy favorite star.
God, so it was with Adam -- he was mine.
Mine to protect, to nurture, to impel;
My lord and lover, yes, but first my child.
Man remains Man, but Woman is the Mother.
There is no mystery she dared not read;
No fearful fruit can grow but she must taste;
No secret knowledge can be held from her;
For she must learn all things that she may teach.
How wilt Thou judge me then, who am, like Thee,
Creator, shaper of men's destinies?
Nay more, I made their purpose vaster still.
Thou would'st have left them in a torpid Eden--
I sent them out to grapple with the world!
I give Thee back Thy planet now, O God,
An earth made strong by disobedience;
Resplendent, built with fire and furious dreams.
A world no angel host could hope to shape;
Invulnerable, spacious, and erect.
Not a vast garden rich with futile charm;
But streaming continents and crowded seas,
Extravagant cities, marshalled mountain-chains,
And every windy corner of the air
Filled with the excellent enterprise of man.
A world both promise and fulfilment -- see
Men's thoughts translated into light and towers;
Visions uplifted into stone and steel;
Labor and life -- a seething hymn of praise.
This is Thy clamorous and thundering clay;
This, Thy created, groping world -- and mine.
Pause, God, and ponder ere Thou judgest me.
"Eve Speaks" is reprinted from Anthology of Magazine Verse for 1916. Ed. William Stanley Braithwaite. New York: Laurence J. Gomme, 1916.
Translation - French EVE PARLE
de : Louis Untermeyer (1885-1977)
Traduction par : Edward & Mary Lamb
Attends, Dieu, et réfléchis, avant de me juger.
Bien que l'Apocalypse, et ses vents ravageurs
S'empressent, aveugles, au travers des cieux déserts et tremblants,
Brandissant Ton épouvantable mandat tel un glaive,
Je ne tremble pas,… je suis sereine .
Bien que la rouge flamme de la colère engloutit des mondes,
Et que de vertigineuses étoiles se précipitent en une pluie d'or ;
Bien que, dans une peur mortelle de la vie,
Des fantômes sommés, arrachés à la tranquillité de leurs tombes,
Tournoient à Tes pieds ou se dérobent devant une bourrasque de mépris,
Je ne m'enfuis pas,…mon âme est sereine.
Les années sont passées sur moi, et comme dans le ressac
De l'écume des siècles, ont été oubliées.
Pourtant, mon âme se rappelle le Paradis,
Cet écho parfait de Ta meilleure humeur d'antan.
Drapés dans une luxurieuse torpeur, nous vécûmes,
La Beauté comme nourriture et la paresse comme oreiller.
Jour après jour, nous nous promenions sous l'approbation de Ton sourire ;
Et, tandis que nous flânions au travers des heures scintillantes,
Nos âmes se dévoilant en même temps que la terre hospitalière,
Eden devint plus jolie à nos yeux ardents.
A chaque pas, un bosquet, une étoile,
Une fleur inconnue, une colline, un cri,
Un crépuscule neuf et sauvage ou un oiseau plus farouche,
S'intégrèrent à nos vies et entrèrent en nous.
Seigneur, il n'y avait que du bonheur – et cependant,
Bien qu'Adam loua le monde et son contenu,
Et baigna dans une opulente complaisance,
L'idée qu'il y aurait quelque chose de plus que la joie,
Au delà de toute beauté, plus grand que les louanges,
Et le bonheur tranquille, contraria chacune de mes heures.
Là, dans un jardin, sans tache, ni souci, Nous jouions comme des enfants, nous qui n'étions pas des enfants.
Langés d'aise, bercés par Tes rêves les plus doux,
Nous vivions dans le calme parfait – nous qui n'étions pas parfaits…
Eden fut fait pour des anges – pas pour l'Homme.
Souvent cette idée me vint
Lorsque les chants d'Adam semblaient dépourvus de toute gaieté ;
Lorsqu'il devenait songeur et qu'une folle étincelle brillait subitement dans son regard ; ou lorsque je le voyais allongé à coté de moi, ses bras virils
Noués de puissance, son torse large et profond,
Ses poings serrés, son menton ferme, jusque dans le sommeil.
Voici un corps fait pour bâtir et pour oser ;
Voici un cerveau conçu pour rêver et façonner-
Gaspiller une telle énergie à une vie pareille !
Je ne pouvais l'imaginer. Le voyant, je savais
Que l'Homme fait pour Eden seulement – pas davantage-
Fut fait en vain…Je réclamais mon Adam,
Dieu ;
Le réclamais pour des choses plus féroces et des mondes plus charnels,
Des espaces démesurés, des désirs insolents;
Le réclamais pour de grandes et fortifiantes défaites.
Il n'était qu'une chose parmi tant d'autres pour Toi –
Une savante motte de terre –
Juste un miracle parmi tant d'autres.
Chaque jour, pour Toi, une création nouvelle;
Tu avais l'infini à sculpter et à protéger,
Moi rien qu'Adam.
Etendue, une nuit, sous l'Arbre,
Je l'entendis soupirant dans un sommeil agité.
Une lune froide dédaigneuse raillait mon inquiétude,
Un oiseau de nuit tournoyait au delà du bois.
Jamais Eden ne me parut tant une prison—
Au delà du grand portail j'apercevais le monde inconnu,
Etendu sans entraves dans la nuit majestueuse.
Je vis le ruisseau s'élargir et tendre ses bras,
Les fières collines m'appelaient et le leurre
Des choses inouïes, insoupçonnées, s'emparaient de mon âme.
Adam était fait pour ça – et ça pour lui.
La paix d'Eden devint intolérable.
Mieux vaut l'audacieuse incertitude du labeur,
Le dédain gravé dans le marbre du monde vécu,
Et échec sur échec ; mieux ça
Que cette indolence surveillée et décadente.
Adam doit connaître sa divinité ; il doit sentir
La lassitude du travail, et la fierté en cela ;
La labeur dans la création, et sa joie.
Ses mains doivent élever le rêve, ses tendons penser ;
Et, dans un accès de puissance libérée,
Il doit déchirer et dompter, et arracher le secret De la terre transpirante et énergique ; sa carrure doit frémir
A chaque entreprise courageuse et astucieuse,
Avant que son âme rude et trébuchante puisse saisir
Les joies triomphantes et irréductibles.
Ainsi son dessein doit-il s'ériger jusqu'aux étoiles;
Confronter, sans peur, le mépris des siècles ;
Rencontrer les cieux étonnés en ricanant,
Et riposter à Dieu avec Ses propres paroles et faits/gestes.
Une seule chose lui donnerait tout cela,
Une chose allait fendre les roches scellées et obstinées,
Harnacher les vents, retenir les mers débridées –
Le savoir, force et façonneur du monde…
Et, alors, je sus que nous devions manger et apprendre.
Nous allions dans le monde, Adam et moi,
Liés par une nouvelle et étrange (amitié)
Car, dans la bataille avec une terre hostile
Les victoires furent siennes, les défaites miennes.
Sienne l'envie de faire – un sillon labouré ;
Une bête rusée piégée, une pierre à fusil bien affûtée ;
Une chasse menée de front, une hutte ou un piège bien construit ;
La joie des choses accomplies Adam connut.
Eut-il une chasse – le festin fut pour lui ;
Eut-il une récolte – le repos suivit ;
Adam se blessait-il – il trouvait soulagement dans mes soins ;
Adam était las – il avait ma bouche et mes bras.
Oui, Seigneur, bien que j'ai décrié ce
Qui faisait de moi la servante d'Adam, pas sa compagne,
Pourtant, ce n'était que justice, car, dans l'effort sans fin
Ma volonté l'a plongé ; donc toutes ces années
Je le soignais, confortais, encourageais
Avec prières et vivifiante passion/vive, jusqu'à ce qu'il comprenne
L'éblouissante, dure divinité de l'amour…
Dieu, tu as fabriqué une créature à partir de la poussière,
Mais J'ai créé l'Homme… J'étais pour lui
Une poitrine, de tendres épaules, une intelligence entraînante ;
J'étais son éperon, son bouclier, son étrier ;
J'étais son enfant, sa putain et son épouse.
Une pléthore de femmes j'ai été pour lui,
Pour lui et tous les innombrables fils d'Adam.
Et tout ce dont ils se souviennent, c'est ma honte !
De tous les temps, par tous les hommes j'ai été trahie –
Ils ont dénigré et déshonoré mon acte
Ce qui les obligeait à chercher jusqu'à ce qu'ils se soient trouvés ;
Détournant mes propres desseins contre moi,
Ne comprenant pas que je les secours à leur insu.
Oui, je les ai menés – afin qu'ils puissent
mener ;
Ai tenu leurs chaînes – afin de les émanciper ;
Les ai régis et encouragés d'une main ferme,
Afin qu'ils puissent trouver l'austère monde moins dur.
Et quelle fut ma récompense lorsqu'ils ont gagné-
La Liberté que je leur ai achetée moyennant des entraves ?
La Foi qui est plus forte que les années de fer ?
L'Amour avec une chaleur qui guérit aussi bien qu'il brûle ?
Ou de la camaraderie, l'heure précieuse de l'amour,
Propre comme le regard candide des étoiles et des enfants ?
Tel ne fut pas mon lot. (Des) quolibets et (des) piques,
Mêlés à la pitié d'un seigneur tolérant ;
Mon nom, avili, asservi
A une symbole tordue et à une moquerie.
Ou bien, dans une humeur plus câline/amoureuse, je fus gratifiée
D'une galanterie fugace ou d'un sourire convenu ;
Un bijoux, peut-être une heure de batifolages –
Voilà la précieuse monnaie de leur rétribution.
Ainsi pour la concubine, comme pour l'épouse,
Ils soulageaient leur conscience – et leur lancinant désir/pulsion.
Ils ravageaient des pays brandissant leurs hauts faits,
Vantant leur grossière et éphémère supériorité
Aux filles, qui leur prêtaient une oreille indulgente
Avec le cœur léger…Seigneur, qu'elles étaient aveugles –
Femmes ont-ils connues, mais jamais la Femme.
Dieu, lorsque le monde encore rose et tendre apprit à gambader à quatre pattes
Autour de son divin plancher, que Tu étais fier !
Bien que Tu as conçu un firmament plein de soleils balançant
Autour de Tes cieux, tels des louanges de vertigineuses encensoirs ;
Bien que Tu as créé l'espace immense et stérile
Grouillant de vie, l'immortel miracle ;
Et, maintenant, as cueilli l'éternité,
Le roulant au creux de Ta main, -
Existait-il de tous les temps pareille exultation
Aussi intense que celle qui captiva Ton cœur,
Quand au début Tu tenais le monde nouveau-né
Serré contre Toi et sentais battre son petit coeur ?
Toute la ferveur d'un million de sources ne saurait
Tant T'émouvoir, car il fut si fragile.
Errant et gâté, indompté et capricieux,
Tu l'as vu grandir, anxieux et pas moins fier.
C'était ton enfant le plus cher, ton étoile favorite.
Dieu, c'était ainsi avec Adam – il était mien.
Mien à protéger, à dorloter, à inciter ;
Mon seigneur et amant, oui, mais mon premier né.
L'Homme demeure l'Homme, mais la Femme est la Mère
Il n'y a pas de mystère qu'elle n'osa lire ;
Aucun fruit redoutable ne mûrisse sans qu'elle n'y goûte ;
Aucune science occulte ne lui résiste ;
Car elle doit tout apprendre pour tout enseigner.
Comment pourras-Tu me juger, moi, qui Te ressemble.
Créateur/trice, artisan des destins des hommes ?
Non, plus encore, je leur faisais un projet bien plus vaste.
Tu les destinait à languir dans la torpeur d'Eden-
Je les envoyais se débrouiller dans le monde !
Je Te rends Ta planète à présent, Ô Dieu,
Un terre enhardie par la désobéissance ;
Resplendissante, forgée de feu et de rêves furieux.
Un monde qu'aucun ange hospitalier pourrait espérer façonner ;
Invulnérable, spacieux, et droit/debout.
Pas un vaste jardin riche en charmes futiles,
Mais des continents en mouvement et des mers encombrées,
Des villes extravagantes, des chaînes montagneuses bien ordonnées,
Et chaque coin éthéré de l'espace
Rempli par l'excellent ouvrage de l'homme.
Un monde à la fois de promesse et d'accomplissement – voit
La pensée de l'homme traduit en lumières en tours ;
Des visions érigées en pierre et en acier ;
Labeur et vie – une hymne bouillonnante de louanges.
Voici Ta vindicative et tonitruante argile ;
Voici Ton monde ainsi créé, balbutiant – et le mien.
Attends, Dieu, et réfléchis, avant de me juger.
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